Péché: Luxure

Publié le par Kormin

AFP, 31 OCTOBRE 2006
Les folies n'ont pas de bornes quand on est Russe et riche. Mais que peut-on s'offrir quand on a tout ? Villa aux Caraïbes, hélicoptère ou téléphone portable en diamants... La Foire des millionnaires de Moscou invite à tous les caprices.

Le champagne coule à flot accompagné d'huîtres et de caviar, des filles invitent les volontaires à les rejoindre dans des jacuzzi et des courses de chevaux akaltéké sont organisées sur fond de défilés de manteaux de fourrure.

Pour la deuxième année consécutive, la fête a battu son plein au centre d'expositions Crocus-Expo, dans le nord-ouest de la capitale russe, du 27 au 30 octobre. Avec l'afflux de pétrodollars, la Russie est devenue un eldorado pour l'industrie du luxe.

"Il y a encore vingt maisons à vendre sur l'île privée de Taborcillo près de Panama. Pour la bagatelle de 240.000 dollars, vous aurez une petite villa et un paradis fiscal", s'exclame Elena Oleïnikova entourée de jeunes femmes en costume et chapeau de cow-boy.

Trop loin ? Alors les îles Canaries.

"Pour un million de dollars vous avez un hectare de terre et une maison avec huit chambres à coucher dans un coin où l'été est éternel. Plus intéressant que payer trois millions de dollars pour une maison dans la banlieue de Moscou", assure Alexeï Efimov du groupe Luxuary Living.

Les coins préférés des Russes restent pour l'heure "la banlieue aristocratique de Londres et l'Italie", selon Ekaterina Marianova de l'agence immobilière britannique Knight Frank.

Si vous avez choisi de vivre au calme à quelque centaines de kilomètres de Moscou, un mini-hélicoptère pour un demi ou un million de dollars est à votre disposition. Plus d'embouteillage ! "Les hommes d'affaires vont en hélicoptère à la chasse ou à la pêche", assure Léonid Tarassov qui vend des mini-hélicoptères américains en Russie.

Le clou de l'exposition est un téléphone mobile Goldvish "conçu spécialement pour la Russie", incrusté de diamants jaunes et qui coûte un million de dollars. "Qui pourrait l'acheter?", "Roman Abramovitch pour sa maîtresse", spéculent deux jeunes Russes à l'allure de mannequins en robe décolletée, visiblement excitées par les rumeurs de divorce de l'homme le plus riche de Russie et la liaison qu'on lui prête avec une Russe de 23 ans.

"Cela par contre suffira pour une femme légitime", ajoute l'une d'elles pointant du doigt un modèle en or qui coûte un rien de 45.000 dollars.

Gerd Wuerzburg, un Allemand quadragénaire qui visite l'exposition avec sa femme russe, est stupéfait. "En Allemagne, les gens n'ont pas l'habitude d'afficher leur richesse", dit-il. Son épouse Elena, 41 ans, trouve la Foire "grandiose". "Nous ne pouvons pas encore tout nous permettre, mais dans quelques années pourquoi pas...", confie-t-elle en dégustant un vin espagnol.

Alexandre Soudine, qui leur sert le vin, explique que la situation "a changé de manière radicale en dix ans : de l'ignorance totale à la course aux bouteilles rares". Il se vante d'avoir acheté aux enchères "une bouteille de whisky Glenfiddich de 1937 pour un million de dollars" pour laquelle il ne doute pas de trouver acheteur.

Au stand d'à côté, le créateur français de robes du soir et de mariées Max Chaoul, qui aimerait ouvrir une boutique à Moscou, a l'air bien modeste. "Une robe de mariée à 15.000 euros, ce n'est pas assez pour la Foire des millionnaires", ironise-t-il.

Kapitolina Chipova, femme d'affaires de 35 ans qui visite l'exposition avec son mari et ses trois enfants, trouve que tout cela est fait "pour les gens de la rue". "Les riches ont déjà tout cela. Les pauvres vont se vanter de leurs connaissances en matière de luxe", lance-t-elle.

"Je refuserais la plupart des objets exposés même si on me les offrait", affirme Nadejda Verkhovtseva, professeur à l'université de Moscou qui n'a pas hésité à dépenser 1.000 roubles (près de 40 dollars) le ticket d'entrée à la Foire. "La transformation s'est produite trop vite et les goûts ne sont pas encore formés. Cela manque de finesse", soupire-t-elle devant le stand d'un hôtel turc, "le plus sexy au monde" où deux jeunes filles se dorlotent sur un lit immense.


Commentaire de Serpov (que je trouve, ma foi, pertinent):

La cour du tsar affichait ses richesses et ses privilèges de la même manière, on sait comment elle a fini. Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre.

Publié dans Archives

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D
on regretterait même l'époque communiste
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K
Je ne serais pas aussi extrémiste....Mais c'est une façon de voir les choses....